J’ai dix pinceaux, ce sont mes doigts.
Je travaille de façon très sensuelle, en trempant mes doigts dans la peinture pour faire le mélange des coloris.
J’ai besoin de ce contact, de toucher le tableau.
Il faut que tout participe, l’intellect tout comme le corps …
Mon atelier est un vrai chantier. Je ne saurai travailler proprement, sagement.
Plus le papier est vieilli, maltraité, déchiré, patiné par les pas, plus l’expression est intéressante.
Avec cette pratique, très poussée, je me suis donc donnée le moyen de solliciter le hasard pour en extraire la nécessite.
L’ordre alors suivi du désordre.
Le sens se construit à fleur d’émotion tactile et visuel sur le magma de l’insensé.
Sans peinture je serais une femme brisée, brisée par l’avalanche des images, des mots et des signes vides de la grande célébration du rien.
Il s’agit donc de se les ré approprier , de les déchirer, pour ainsi les remplir de l’affect, leur rendre parole et qualité expressive.
Je fais un travail d’une femme enfin libre, un travail de poete, de peintre, un travail pur qui sait donner une dimension spirituelle à la matière sensible.